L’inimitié est devenue le mode dominant de relation, à l’ère du capitalisme financier en crise et de la guerre contre le « terrorisme ». C’est le constat que dresse Achille Mbembe. L’historien et philosophe esquisse quelques précieuses voies de sortie pour une politique de la relation à l’échelle globale. En rupture avec les logiques de domination économique, les replis identitaires et les élans impérialistes.
Vous dépeignez dans votre dernier essai, Politiques de l’inimitié (1), un implacable processus de « sortie de la démocratie » . Trois décennies après la chute du mur de Berlin, peut-on parler d’un destin autoritaire du néolibéralisme ?
Achille Mbembe Nous avons une vision assez partiale de l’histoire de la démocratie. Or, le paradoxe de cette histoire, c’est que la démocratie a deux corps. D’un côté, un corps diurne, presque solaire, que l’idéologie post-1990, après la chute du bloc de l’Est, a (...)